La plupart des pianistes possèdent un piano droit plutôt qu'un piano à queue.
Il est alors très facile d'enlever la façade du piano et de regarder comment cela fonctionne.
Ainsi, à première vue, les marteaux reposent tous contre une sorte de coussin en feutre vert, rouge ou bleu, selon la marque du piano, attendant qu’on les propulse pour frapper la corde. Il y a une distance qu’ils doivent parcourir.
La mécanique d'un piano doit être considérée comme une amplification de ce que nous faisons. Nous ne pouvons pas, avec nos dix doigts, agir directement sur les cordes. Ce n’est pas une harpe ou un cymbalum,. Nous avons besoin de cette mécanique pour multiplier nos possibilités.
La mécanique physiologique de la main doit être en accord avec la mécanique du piano et obéissent toutes deux aux mêmes lois de la mécanique et de la physique.
Que se passe-t-il quand on appuie sur la pédale de gauche ? La pédale « una corda ». Elle ne fonctionne pas de la même manière selon les types de piano. Sur un droit, elle ne déplace pas la mécanique contrairement à celle du piano à queue . Elle fait simplement avancer les marteaux à peu près à mi-parcours. Bien que vous jouiez de la même manière, cela sonne moins fort.
Pourquoi ? Parce que chaque marteau dispose de moins de distance pour accélérer, ce qui réduit la vitesse et donc l’impact. Le son est alors plus doux. En français, on lui donne aussi le petit nom de « pédale douce ».
L'intensité du son dépend donc principalement de la vitesse de percussion.
Si nous voulons donner une certaine vitesse au marteau, nous devons alors agir avec plus de vitesse sur la touche. Si nous sommes trop proches de celle-ci, nous disposerons seulement de la distance de parcours qu’elle nous donne. Si nous parlons de distance de parcours, c'est parce que tout objet dans ce monde physique atteint une vitesse par accélération, qu’elle soit brutale ou progressive.
Pour obtenir un son intense, nous devons projeter le marteau avec beaucoup de vitesse contre la corde. La vitesse de frappe sur la touche est alors cruciale. Et pour qu’il y ait vitesse, il faut d’abord qu’il y ait accélération.
Tout comme un avion de ligne a besoin d’une longue piste, en plus de ses puissants réacteurs, afin d’atteindre la vitesse nécessaire au décollage, la hauteur du doigt est essentielle pour obtenir vitesse et intensité.
Si nous y allons très lentement, même avec tout le poids que nous voulons derrière, ça ne sonnera pas beaucoup.
Élargissons notre réflexion. Imaginez-vous en voiture. Qui n’a jamais été surpris par un gravillon frappant à toute vitesse son pare-brise? Un petit caillou se détache du pneu d'un camion et est projeté vers votre véhicule à une vitesse additionnelle due à la rotation du pneu et à la vitesse du camion. La vitesse finale est souvent beaucoup plus élevée que celle du camion. L’énergie qui en résulte est suffisante pour casser une vitre ou endommager la carrosserie, car la vitesse élevée augmente l'énergie cinétique de manière significative. L'impact du gravillon crée également un bruit intense, souvent perçu comme un coup sec ou une détonation, accentuant la frayeur du conducteur.
Maintenant, imaginez-vous prendre ce même gravillon et le laisser tomber à hauteur de 30cm au-dessus du pare-brise. Nul besoin de vous expliquer qu’il n’y aura aucun dégât et que le bruit généré sera très faible.
Cela illustre comment nos doigts peuvent agir comme une balle de revolver. Il faut comprendre que la balle ne pèse pas beaucoup, mais elle est malheureusement très efficace quand elle est tirée à grande vitesse.
Nos doigts peuvent être aussi comme des flèches. Cela dépend de la tension que nous mettons dans l'arc et de la façon dont nous le relâchons. Si la corde de l’arc est lâche, nous ne pouvons pas atteindre une grande vitesse.
Si nos doigts ne sont pas habitués à parcourir une distance d’accélération plus grande que celle offerte par le contact avec la touche, nous serons limités en intensité. Pour avoir plus de son, nous devons donner une distance d’accélération plus grande. C’est pourquoi nous devons lever les doigts.
Je le répète souvent à certaines personnes que j’accompagne, elles se reconnaîtront :)
Cela ne signifie pas que tout doit être joué avec les doigts levés, non. Il y a des choses qui doivent être jouées de près parce qu’elles ne nécessitent pas cette intensité.
Comme il n’y a pas beaucoup d’activités humaines qui exigent de lever les doigts, nous devons entraîner les muscles qui tirent sur les tendons. Ils doivent se développer. Il y a des exercices pour cela, pour prendre conscience de notre capacité à lever les doigts et à adapter cela aux œuvres qui nécessitent cette hauteur de doigts. Une fois entraînés, vos muscles et tendons habitués à lever les doigts sans tension excessive, avec un tonus musculaire approprié, il ne vous coûtera rien de réduire la hauteur de l’attaque.
Attention toutefois, cela ne doit surtout pas faire mal. Il ne s’agit pas de souffrance, mais d’un entraînement progressif et conscient.
Je souhaiterais aussi nuancer mes propos. Il est crucial de ne jamais lever les doigts au-dessus de la paume, même ceux qui ne jouent pas.
Le poignet doit également être à un niveau légèrement inférieur à celui de la voûte de la main, toujours flexible et disponible. S’il est trop haut, les doigts se lèveront plus que nécessaire, ce qui est contre-productif.
Lors de la levée, les doigts ne doivent pas être tendus ; ils doivent rester fermes mais sans crispation, conservant leur courbure naturelle. Ceux qui ne jouent pas – en particulier le pouce et le cinquième – doivent être complètement relâchés, restant près du clavier pour gagner en vitesse, ou peuvent se maintenir levés mais dans une position naturelle et sans crispation.
Il est également important de préciser qu'il ne s'agit pas de vitesse de jeu ou de vélocité, mais de vitesse d'attaque du doigt.
Ce sujet complexe mérite un article à part entière.
Mais en attendant, en guise de conclusion, je citerai un de mes professeurs: « Si vous pouvez porter un sac à dos de 40 kilos pour une longue marche, le jour où vous porterez seulement 10 kilos, ce sera facile. C’est la même chose au piano. Qui peut le plus peut le moins. »
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